L'origine du nom provient de l'occitan "folhada" qui peut se traduire par "feuillée", soit un lieu très ombragé.
Epoque Gallo-Romaine :
Le territoire de la commune fut probablement habité à l'époque gallo-romaine.
En effet, une importante voie romaine reliant la cité de Vésone (actuelle ville de Périgueux) à l'Auvergne, traversait le territoire de La Feuillade au lieu-dit "Colombier" situé au dessus du village des Buges.
Moyen Age :
La paroisse de La Feuillade est mentionnée pour la première fois dans un pouillé du XIIIème siècle.
Au Moyen-Age et sous l'Ancien Régime, elle fait partie de la châtellenie de Larche, aux mains des seigneurs de Turenne qui la vendent en 1442 au Comte du Périgord, Jean de Bretagne.
Ce dernier était suzerain dans les huit paroisses composant la châtellenie : larche, saint Pantaléon, Ferrières, Terrasson, La Feuillade, Pazayac, Grèzes et Ladornac.
L'abbé de Terrasson était aussi seigneur de quelques terres sur la paroisse de La Feuillade.
En 1365, la paroisse ne comptait que neuf feux (neuf familles), ce qui en faisait la plus petite paroisse de la châtellenie avec celle de Grèzes.
Ancien Régime :
A l'époque moderne, nous retrouvons la Feuillade dans la tourmente de l'Histoire à plusieurs reprises.
Lors des révoltes populaires de la première moitié du XVIIème siècle, de grandes familles périgourdines soutenant les Croquants demandèrent de l'aide auprès de plusieurs paroisses, dont celle de La Feuillade.
Dans les années 1650, la Fronde des Princes fit des ravages dans la région de Terrasson.
Le curé de La Feuillade note,en janvier 1653, que beaucoup de gens venaient se réfugier dans la paroisse pour fuir les guerres.
Le XVIIIème siècle à La Feuillade fut aussi éprouvant que dans le reste de la France, avec une succession de catastrophes climatiques et sociales. Les hivers 1709 et 1766 furent exceptionnellement rudes et le curé note dans le registre paroissial de 1766 : "année du grand et long hiver ; en effet, il a été très rude ; il s'en est fallu de peu qu'il ait fait autant de froid qu'en 1709 mais aussi le froid a été plus long, les neiges ont duré deux mois et demi au moins pendant lequel il a toujours gelé fort, la Vézère a été prise pendant plus d'un mois et demi et pendant l'espace d'un mois au moins on passait dessus".
Ces hivers rigoureux entraînèrent de terribles disettes. Manquant de pain et vivant dans une misère quasi constante, accablé d'impôts, le peuple, sur la demande de Louis XVI, rédigea ses cahiers de doléance pour les soumettre à l'assemblée des Etats Généraux prévue en mai 1789...
La Révolution :
Le cahier de doléance de La Feuillade nous donne de nombreuses informations sur la paroisse à la veille de la Révolution.
La moitié des terres de la paroisse était en friche à cause de leur mauvaise qualité.
La deuxième partie était de qualité médiocre, couverte de bois taillis sans futaie et appartenait aux seigneurs de la paroisse.
Les habitants étaient privés de tout commerce à cause de l'éloignement des villes et de l'impraticabilité des chemins qui y menaient. Les habitants de La Feuillade demandaient l'égalité devant l'impôt et une imposition répartie en proportion des biens.
Lorsque la Révolution éclate, afin de remplir les caisses de l'Etat, de nombreux biens nationaux vont être vendus.
A La Feuillade, le domaine de Guinassou qui appartenait aux Dames de la Foi de Sarlat, ainsi que le presbytère seront vendus à des habitants de la commune.
XIXème siècle :
L'enquête de Cyprien Brard en 1835 nous donne une image précise de la commune dans la première moitié du XIXème siècle.
Il existait une carrière de grès dur, une tuilerie et un moulin sur la Couze.
L'air de la commune était réputé sain car il n'y avait jamais de maladies épidémiques.
Les médecins se trouvant éloignés, les habitants avaient recours à "quelques bonnes femmes pour chasser les fièvres et qui prétendaient opérer cette guérison au moyen de quelques herbes appliquées sur le poignet après les avoir pilées".
Les habitants de La Feuillade mangeaient de la soupe matin et soir complétée de légumes farineux et de pain.
L'enquête précise qu'ils faisaient chabrol !
On élevait surtout des moutons mais également des cochons, vaches, boeufs, chevaux et ânes qui étaient vendus sur les marchés de Brive et Terrasson.
On cultivait du lin, du maïs, du froment, très peu de seigle, des raves, des pommes de terre, des oignons et des haricots. 1/5ème des terres était occupé par des vignes jusqu'à l'épidémie de Phylloxéra vers 1880.
Au lieu dit "Champ de Dalon", où avait lieu la foire aux boeufs, se trouvaient deux auberges.
Le XIXème siècle est une époque de grands travaux dans la plupart des communes.
L'église, en très mauvais état, abritait dans la première moitié du XIXème l'école communale et les séances du conseil municipal.
Elle fut restaurée et dotée d'un autel et de mobilier en 1859 grâce à la vente de biens communaux.
Une deuxième restauration plus importante intervient en 1903.
Le cimetière fut réaménagé en 1862.
Le tronçon de la route nationale La Feuillade - Larche a été construit dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle mais le réseau secondaire de voirie ne fut amélioré qu'au XIXème siècle.
En 1870, le ruisseau de la Couze est aménagé pour permettre l'irrigation des terrains riverains.
En 1832, un projet de réunion de la commune à celle de Larche voit le jour, à la demande du conseil municipal.
Le Préfet de la Dordogne s'y oppose aux motifs que la situation financière de la commune est satisfaisante, qu'elle entretient convenablement ses édifices, qu'elle possède des puits et une fontaine aux eaux saines et abondantes ainsi que des lavoirs et des abreuvoirs naturels grâce à la Vézère et à la Couze.
Finalement, les habitants eux-mêmes voteront contre le projet à 39 voix opposées contre 27 favorables. Ce projet restera pourtant à l'étude encore quelques années sans aboutir, inspirant au maire en 1854 la réflexion suivante : "il serait bien temps de mettre un terme à tous ces projets de réunion à la Corrèze qui semblent destinés à nous inquiéter périodiquement et que nos voeux et nos intérêts repoussent avec autant de droit que de raison".
XXème siècle :
Si en 1365, la paroisse de La Feuillade était la plus petite de la châttellenie de Larche avec une petite cinquantaine d'habitants, elle ne cessa de prendre de l'importance au cours des siècles en passant à 242 habitants en 1800 et 270 habitants en 1901.
La croissance démographique est surtout très importante depuis les années 1960 puisque la commune est passée de 328 habitants en 1968 à 710 en 1999. Elle est consécutive à des aménagements du territoire par la municipalité au cours du XXème siècle, en particulier l'aménagement de lotissements d'habitations et d'une zone artisanale.
Synthèse de l'étude historique de Sylvie SUDRIE-VIDAL,
"La Feuillade, à la croisée des chemins du Périgord et du Limousin", 2002